Le SESSAD et ses incroyables talents : 2e volet

Rappelez vous de la première partie de notre article : une équipe auprès d’enfants présentant des TSA qui fait appel a ses aiguilles pour créer des personnages (Simon par exemple) de dessins animés pour favoriser les relations et permettre aux enfants d’accéder à des apprentissages attendus à l’école.

 

De quoi va parler ce 2e volet ? Donner envie, procurer du plaisir (1er objectif déjà bien complexe !) … à lire (2e objectif : nos talents mettent la barre haute !) à des enfants TSA qui n’entendent pas des histoires mais voient des mots … et des mots qui n’ont pas toujours de sens ou le même sens …

Que vont elles encore inventer ? 🙂

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Quand jouer se tisse avec nos aiguilles…

(Deuxième volet sur 3)

Oui, à l’école, on apprend à lire ! Et pour cela, on apprend à aimer lire !

Les enfants TSA de maternelle, avec leur pragmatisme bien connu aiment souvent identifier les lettres (et les chiffres)[1]. Mais quel lien font-ils, si petit, avec les mots et les histoires faites de mots ? Car même si l’apprentissage est extrêmement structuré afin de leur permettre cet accès à la lecture, comment les motiver ? Comment leur donner envie d’écouter des histoires, puis de manipuler des albums ? Comment leur donner envie de partager ce plaisir[2] qu’est la lecture ?

C’est la question que l’équipe s’est posée rapidement à l’ouverture de l’UEMA.( Toutes les informations sur les UEMA en cliquant ici )

Et rapidement, les incroyables talents qui composent l’équipe a émis l’hypothèse qu’il fallait y associer du « voir ». Ainsi, notre Enseignante, Laurie Masquelier, avec l’aide précieuse de notre Monitrice Educatrice, Nathalie Truc, a mis en place un temps de lecture offerte en regroupement. Mais plus qu’une lecture, il s’agit en réalité d’un véritable petit spectacle !

    

 

Ainsi, sont nés de l’imagination et de la créativité de l’équipe, de magnifiques personnages de livres :

   

Super cagoule[1] , Les maisons des trois petits cochons (qui s’envolent au premier coup de vent, non, de souffle de loup…) , Le crocodile de l’Album La Grenouille à grande bouche[2] qui croque les grenouilles et les petits enfants… C’est si bon de se faire un peu peur et ensuite d’en rire !

 

 

 

Mais, vous vous souvenez, nos petits atteints de TSA ont presque toujours des particularités sensorielles qui, avec d’autres choses, rendent l’écoute en grand groupe pas toujours facile. Ainsi, à l’initiative de notre Educatrice Jeunes Enfants, Annick Thomasset, sont nés les ateliers lecture. Ils reposent sur trois principes :

  • De la lecture : des albums qui évoquent les émotions de la vie quotidienne, et pourquoi pas avec nos héros de dessins animés : Simon : Non, pas le docteur ! [3], Grosse colère[4], Nénégle sur la montagne[5]… et tous les albums déjà lus en lecture offerte en classe.

 

  • Du sensoriel : dans l’atelier lecture, les albums se déclinent :
    • en objets tous doux grâce aux « raconte-tapis » ou aux « raconte-tablier ». Et bien sûr, nos aiguilles (ou celles d’amies bienveillantes et généreuses) entrent en jeu à nouveau J

 

     

 

    • en du « grand visuel » grâce au kamishibaï[6]. Ici nos aiguilles n’ont pas suffi ! Nos tournevis et scies s’y sont mis aussi !

     

 

  • Du partage : car ensuite on joue. Avec d’autres enfants de l’UEMA ou d’autres enfants de la classe d’inclusion. Sur les tapis, sur les tabliers ou parterre. Et on rit, on partage, on transforme. La voiture de Robert, cassée et dans son coffre devient une voiture de course. Simon n’a plus le bras cassé. Et qu’est-ce qu’on rit avec Grosse colère !

 

 

 

Qu’on finit par ranger : allez, hop ! Dans la boîte !

 

 

 

 

OUI, MAIS ….

Bien entendu, certains de nos élèves ont malgré tout encore du mal à approcher un livre. Envahis par le sensoriel, ils n’approchent que le papier et le bruit qu’il fait, le papier et la sensation qu’elle laisse sur la main, le carton et son épaisseur. Alors, pour eux, on imagine encore d’autres choses. Mais je vous l’expliquerai dans le dernier volet de cet article !

Noëlle D’ADAMO

Psychologue

 

 

 

[1] On retrouve même parfois très tôt un intérêt restreint pour les chiffres et/ou les lettres.

[2] La capacité à partager le plaisir est un des indicateurs auxquels les professionnels sont attentifs lors des bilans diagnostics pour les enfants que l’on suspecte d’être porteurs de TSA.

[3] Antonin Louchard, 2016, Super Cagoule, Editions Seuil Jeunesse.

[4] Francine Vidal (Auteure) et Elodie Nouhen (Illustratrice), 2001, La grenouille à grande bouche, Editions Didier Jeunesse.

[5] Stéphanie Blake, 2021, Simon : Non, pas le docteur !, Editions l’école des loisirs.

[6] Mireille D’Allancé, 2000, Grosse colère, Editions l’école des loisirs, 36p.

[7] Benoit Charlat, 2008, Editions Loulou & Cie, 24p.

[1] « Le kamishibai (紙芝居?, littéralement « pièce de théâtre sur papier ») est un genre narratif japonais, sorte de théâtre ambulant où des artistes racontent des histoires en faisant défiler des illustrations devant les spectateurs.

Il était courant dans le pays au début du xxe siècle jusque dans les années 1950. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Kamishibai


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