Connaître son corps, comprendre ses émotions et réactions physiologiques, être accompagné pour être libre de ses choix sont des besoins fondamentaux pour mener une vie affective et sexuelle épanouie. Dans le Tarn, l’APAJH a mis en place des groupes pour répondre aux interrogations de chacun et libérer la parole.
En réponse à une proposition de l’agence régionale de santé (ARS), l’ESAT et le foyer de Braconnac-les-Ormes ont mis en place un programme de sensibilisation des travailleurs à la vie affective et sexuelle.
« On avait observé des manques, des interrogations de la part des travailleurs. On sentait qu’il y avait un besoin de libérer la parole et d’offrir un espace pour que les personnes accompagnées puissent s’exprimer. Quotidiennement l’équipe est confrontée aux interrogations des personnes, des couples, y compris pour l’accompagnement à la parentalité au SAVS » explique Fabienne Chabbert, monitrice éducatrice au foyer d’hébergement de Vittoz.
Maryse Pascau, conseillère conjugale et familiale a ainsi reçu plusieurs travailleurs de l’APAJH pour une session de sensibilisation. Suite à ces rencontres, des professionnels volontaires de Braconnac ont souhaité prolongé le projet et suivre une formation de trois jours. Au programme : rappel des textes de lois, délimitation du champ d’intervention des professionnels, valeurs communes, partage de bonnes pratiques, construction du projet, etc.
Confidentialité et respect de l’autre
A leur retour au foyer, les professionnels formés ont diffusé un questionnaire auprès des travailleurs « sensibilisés ». « Notre idée était de les impliquer dès le lancement du projet, récolter leurs souhaits et leurs attentes afin de pouvoir former des groupes en fonction des agendas de chacun pour organiser des groupes de parole», poursuit Fabienne Chabbert.
Une fois par mois environ, des groupes de 5 à 8 personnes se réunissent ainsi pendant près d’une heure, accompagnés par des professionnels de l’établissement.
« Nous imposons des règles pour le bon fonctionnement du groupe de parole : la première de ces règles est la confidentialité, elle s’applique à tous, professionnels et personnes accompagnées. Nous avons fait le pari que cela pourrait libérer la parole. Aujourd’hui, une trentaine de personnes participent à ces groupes. Nous avons prévu à la rentrée de refaire un sondage auprès de l’ensemble des personnes accompagnées pour confirmer la motivation de chacun ; et offrir la possibilité a ceux qui n’y participent pas de s’inscrire dans un groupe de parole».
Promouvoir la parole pour mieux rassurer et accompagner
« Pour lancer les échanges, nous partions des questions recensées. On a commencé par des questions morphologiques, biologiques. Puis des questions plus en lien avec la relation, la rencontre ont émergé ; la discussion s’appuie sur ce qui est amené par les participants ». Pour aider à l’animation de ces groupes, les encadrants utilisent différents outils : vidéos, jeux spécialisés notamment pour faciliter l’expression de sujets intimes souvent difficiles à aborder.
Respect et écoute sont au rendez-vous des échanges qui permettent notamment de travailler sur la liberté, le respect de son corps et de l’autre. « On essaie de promouvoir la parole, amener un espace de liberté où ils peuvent déposer leur crainte, leurs interrogations, leur opinion, leur vision et réflexions. Il y a beaucoup d’échanges sur la notion de couple, de consentement, et puis on s’attache à mettre des mots sur la liberté de chacun, les droits de chacun, la nécessité de se protéger, de prévenir les risques et les violences », conclut Fabienne Chabbert.